Le Pays du Blanc Sommeil
+3
Luptinote
Cess
Laura PS
7 participants
Page 1 sur 1
Le Pays du Blanc Sommeil
Le Pays du Blanc Sommeil
— Mais qu’est-ce que tu fais là, petite fleur ?
Anthéa se frotte les yeux, à peine éveillée. Quand elle commence à y voir plus clair, elle n’en croit pas ses mirettes : c’est un petit rouge-gorge qui lui parle.
— Je… je ne sais pas. Je me suis endormie. Où sommes-nous ?
— Chez moi. D’habitude, je suis tout seul ici. Alors, qu’est-ce que tu fais là ?
— Je ne sais pas, je me suis endormie, répète la fillette.
Enroulée dans le plaid si doux et si chaud du canapé du salon, elle regarde autour d’elle. Ça ne ressemble pas vraiment à la maison. La lumière est blanche et vive, si bien qu’on ne voit pas plus loin que quelques mètres. Son petit corps d’enfant est recouvert d’un pyjama vert pâle qui n’est pas le sien et qui n’est pas très confortable. En lieu et place d’oreiller, elle trouve une montre à gousset géante dont la trotteuse semble cassée. La longue et fine aiguille ne décompte que trois secondes avant de revenir à sa position initiale.
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Le rouge gorge face à elle se tient, tête penchée, sur une pelote de laine rouge.
— Qui es-tu ? demande-t-il.
— Je m’appelle Anthéa, j’ai sept ans et demi.
— Tu es vieille, remarque l’oiseau.
— Non, je ne suis qu’une enfant, assure la petite. Qui es-tu, toi ?
— Le maître de ces lieux : le Pays du Blanc Sommeil.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Une zone tampon.
— Qu’est-ce qu’une zone tampon, Maître Rouge-Gorge ?
— Un lieu de passage. On n’y reste pas.
— Et toi, alors, pourquoi tu y restes ?
— Il faut bien quelqu’un pour surveiller. Qui t’aurait accueillie, sinon ?
— Qu’est-ce que je fais ici ?
— Ça, je ne sais pas. Où étais-tu, avant d’arriver ?
— Je ne me souviens pas. Il y a du brouillard dans ma tête.
— Suis-moi, je vais te faire visiter ! La compagnie est rare par ici, autant en profiter, s’exclame l’oiseau. Peut-être la marche te fera-t-elle recouvrer la mémoire, qui sait ?
La petite fille se lève. Sous ses pieds nus, le sol dur et blanc est froid. Tout comme l’air. Elle récupère le plaid par terre et l’enroule autour de ses épaules comme une cape. La couverture, trop longue, s’allonge telle une traîne derrière l’enfant. Il ne lui manque qu’une couronne pour devenir la Reine du Pays du Blanc Sommeil. Elle bâille. La montre-oreiller dysfonctionne toujours.
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Le Maître est un drôle d’oiseau. Il se déplace bizarrement : il ne vole pas. Perché sur sa pelote de laine rouge, il utilise ses petites pattes pour la faire rouler et avancer. On dirait un équilibriste réalisant son numéro de cirque.
Anthéa lève le nez. La lumière est vive et fait mal aux yeux, mais une sorte de brume gazeuse embrassant l’espace l’empêche d’en connaître la provenance.
— Quelle est cette drôle d’odeur ? demande la fillette.
— C’est l’air d’ici, simplement.
— D’où ça vient ?
— D’en haut.
— Qu’est-ce qu’il y a, en haut ?
— Des gens importants.
— Je croyais que tu étais tout seul, ici ?
— Ici, oui. Mais en haut, il y a des gens. Ils travaillent.
— Ils font quoi ?
— Leur métier.
— Et qu’est-ce que c’est, leur métier ?
— Ils accompagnent les gens, avant et après le Blanc Sommeil.
Les deux compagnons arrivent devant une sorte de comptoir où personne ne les reçoit. Dessus est posé un registre contenant une liste de noms. Anthéa y trouve le sien suivi d’une date. Une date étrange. Ça n’est pas la date de son anniversaire ni celle de ses parents. Elle essaie de se souvenir, mais le brouillard dans son crâne l’empêche d’aller chercher très loin. Elle n’arrive même pas à se souvenir du jour qu’on est ni même de la date d’hier. Même pas le mois et encore moins l’année.
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Maître Rouge-Gorge et Anthéa poursuivent leur promenade. Sous la brume apparaissent désormais d’immenses tuyaux translucides dans lesquels coulent des liquides de différentes couleurs. Rouge, brunâtre, transparent. La fillette s’émerveille tout autant qu’elle s’interroge face à cet univers si particulier.
— Qu’est-ce que c’est ? finit-elle par demander en pointant les longs tubes.
— Ce sont les gens d’en haut qui travaillent.
L’enfant se retient de poser une nouvelle question. Sa curiosité n’est pas assouvie, mais les réponses de l’oiseau ne la satisfont pas. Il répond toujours à côté et ce qu’il dit n’est jamais clair. Peut-être qu’il ne sait tout simplement pas. Après tout, Maître ou pas, ce n’est qu’un petit piaf !
La pelote de laine rouge continue de se dérouler dans cet étrange endroit. Derrière elle, Anthéa n’aperçoit plus le point de départ du fil ni la montre-oreiller, tous deux ensevelis par l’épaisse brume gazeuse. Devant elle, c’est un nouvel objet qui apparaît. On dirait un chariot roulant, comme il y en a dans les restaurants ou les hôtels des films, ceux sur lesquels on apporte des plats chics recouverts d’une cloche brillante. La base du véhicule est en métal, mais le plateau principal a la forme d’un lit à baldaquin fait de lianes, de branches, de feuilles et de fleurs.
La petite fille lance un regard enthousiaste à l’oiseau. Est-ce que je peux monter dessus ? demandent ses prunelles. Le maître lève les siennes au ciel, de façon très humaine, comme le font parfois les parents d’Anthéa. C’est une mimique qui dit : Tu le feras même si je te dis non, alors… Et l’enfant saute sur le chariot.
Tout à coup, le sol devient pentu et les roues le dévalent. La petite fille se cache les yeux pour ne pas voir la chute qui arrive. Une fois par terre, alors que le choc a résonné bruyamment, elle regarde ses genoux. Rien. Pas de traces : à vrai dire, bien que le sol soit dur, elle n’a même pas mal. Elle n’a rien senti en tombant, à l’exception du froid du sol et de l’air. Au Pays du Blanc Sommeil, il n’y a pas beaucoup d’autres sensations que celle de cette fraîcheur ambiante. Anthéa remarque d’ailleurs qu’elle n’a ni faim ni soif et qu’elle n’éprouve aucune fatigue. Cet endroit n’est définitivement pas commun.
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Dans son dos, la fillette aperçoit la pelote de laine et son drôle de cavalier descendre à leur tour la pente qu’elle-même a empruntée.
— Eh bien, petite fleur, tu m’as fait peur ! Et maintenant, ton chariot est cassé. Tu devrais continuer à pied, cela serait plus sûr, siffle l’oiseau.
— Maître Rouge-Gorge, je suis tombée de très haut, sur un sol très dur et pourtant je n’ai pas mal ! Pourquoi ?
— J’imagine que c’est parce que ce lieu n’existe pas vraiment.
— Comment puis-je me trouver ici si ça n’existe pas ?
— Parce qu’il existe quelque part.
— Ça n’a pas de sens ! Comment cela peut-il ne pas exister vraiment mais exister tout de même quelque part ? soupire l’enfant.
— C’est le propre des zones tampons. Elles sont bien là, mais elles n’ont pas de nom, pas d’identité, alors elles n’existent pas vraiment. Une sorte d’entre-deux.
— Je ne comprends rien de ce que tu dis.
— Tu n’écoutes pas.
— Si ! Mais ça ne veut rien dire !
— Tu n’entends pas.
— Tu ne dis que des bêtises !
— Suis-moi.
Perdu dans ce labyrinthe merveilleux, Anthéa accepte tant bien que mal de suivre le fil rouge qui se déroule devant elle. Le rouge-gorge la conduit jusqu’aux confins de son royaume. Au large de ce qui ressemble à une falaise, la fillette distingue dans cette mer brumeuse une nuée de corps en lévitation. Des hommes, des femmes, des adultes mais aussi des enfants, flottent allongés au milieu du brouillard. Ils portent toutes et tous le même pyjama qu’elle. Encore énervée contre l’oiseau quelques minutes auparavant, Anthéa ne parvient pas à réprimer une nouvelle question.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Des humains, comme toi.
— Que font-ils là ?
— La même chose que toi.
— Non.
— La même chose que ce que tu devrais faire.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Bip, bip, bip.
Les bruits de l’aiguille sont remplacés par de courts et stridents signaux sonores. Maître Rouge-Gorge se met à voler et tournoyer autour de la tête de l’enfant. Il ne parle plus. Il porte désormais de grosses lunettes noires qui glissent sur son bec. La pelote a disparu. Tout disparaît peu à peu.
Le brouillard s’épaissit et s’assombrit. Il fait noir maintenant. Et chaud. Un tic-tac régulier se fait entendre.
Anthéa émerge doucement dans sa chambre d’hôpital. La gentille infirmière aux longs cheveux blonds et aux grosses lunettes qui lui glissent sur le nez est là. Elle sourit.
— Salut, Anthéa. Tu vas bien ?
La fillette se sent épuisée. Sa bouche est pâteuse et elle a un peu mal au crâne. Mais ça va.
— Je sais que tu avais très peur de cette première opération. Mais ça s’est plutôt bien passé, non ?
La petite hoche la tête pour toute réponse.
— Bon, je voulais attendre que tu te réveilles avant de faire entrer tes parents. Je vais les chercher, on revient très vite, d’accord ?
Leurs pas, justement, se rapprochent de la porte de sa chambre. L’enfant lève une dernière fois les yeux vers le plafonnier où de petits oiseaux habillent l’ampoule. À très vite, Maître Rouge-Gorge, pense-t-elle, libérée de sa peur.
Anthéa se frotte les yeux, à peine éveillée. Quand elle commence à y voir plus clair, elle n’en croit pas ses mirettes : c’est un petit rouge-gorge qui lui parle.
— Je… je ne sais pas. Je me suis endormie. Où sommes-nous ?
— Chez moi. D’habitude, je suis tout seul ici. Alors, qu’est-ce que tu fais là ?
— Je ne sais pas, je me suis endormie, répète la fillette.
Enroulée dans le plaid si doux et si chaud du canapé du salon, elle regarde autour d’elle. Ça ne ressemble pas vraiment à la maison. La lumière est blanche et vive, si bien qu’on ne voit pas plus loin que quelques mètres. Son petit corps d’enfant est recouvert d’un pyjama vert pâle qui n’est pas le sien et qui n’est pas très confortable. En lieu et place d’oreiller, elle trouve une montre à gousset géante dont la trotteuse semble cassée. La longue et fine aiguille ne décompte que trois secondes avant de revenir à sa position initiale.
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Le rouge gorge face à elle se tient, tête penchée, sur une pelote de laine rouge.
— Qui es-tu ? demande-t-il.
— Je m’appelle Anthéa, j’ai sept ans et demi.
— Tu es vieille, remarque l’oiseau.
— Non, je ne suis qu’une enfant, assure la petite. Qui es-tu, toi ?
— Le maître de ces lieux : le Pays du Blanc Sommeil.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Une zone tampon.
— Qu’est-ce qu’une zone tampon, Maître Rouge-Gorge ?
— Un lieu de passage. On n’y reste pas.
— Et toi, alors, pourquoi tu y restes ?
— Il faut bien quelqu’un pour surveiller. Qui t’aurait accueillie, sinon ?
— Qu’est-ce que je fais ici ?
— Ça, je ne sais pas. Où étais-tu, avant d’arriver ?
— Je ne me souviens pas. Il y a du brouillard dans ma tête.
— Suis-moi, je vais te faire visiter ! La compagnie est rare par ici, autant en profiter, s’exclame l’oiseau. Peut-être la marche te fera-t-elle recouvrer la mémoire, qui sait ?
La petite fille se lève. Sous ses pieds nus, le sol dur et blanc est froid. Tout comme l’air. Elle récupère le plaid par terre et l’enroule autour de ses épaules comme une cape. La couverture, trop longue, s’allonge telle une traîne derrière l’enfant. Il ne lui manque qu’une couronne pour devenir la Reine du Pays du Blanc Sommeil. Elle bâille. La montre-oreiller dysfonctionne toujours.
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Le Maître est un drôle d’oiseau. Il se déplace bizarrement : il ne vole pas. Perché sur sa pelote de laine rouge, il utilise ses petites pattes pour la faire rouler et avancer. On dirait un équilibriste réalisant son numéro de cirque.
Anthéa lève le nez. La lumière est vive et fait mal aux yeux, mais une sorte de brume gazeuse embrassant l’espace l’empêche d’en connaître la provenance.
— Quelle est cette drôle d’odeur ? demande la fillette.
— C’est l’air d’ici, simplement.
— D’où ça vient ?
— D’en haut.
— Qu’est-ce qu’il y a, en haut ?
— Des gens importants.
— Je croyais que tu étais tout seul, ici ?
— Ici, oui. Mais en haut, il y a des gens. Ils travaillent.
— Ils font quoi ?
— Leur métier.
— Et qu’est-ce que c’est, leur métier ?
— Ils accompagnent les gens, avant et après le Blanc Sommeil.
Les deux compagnons arrivent devant une sorte de comptoir où personne ne les reçoit. Dessus est posé un registre contenant une liste de noms. Anthéa y trouve le sien suivi d’une date. Une date étrange. Ça n’est pas la date de son anniversaire ni celle de ses parents. Elle essaie de se souvenir, mais le brouillard dans son crâne l’empêche d’aller chercher très loin. Elle n’arrive même pas à se souvenir du jour qu’on est ni même de la date d’hier. Même pas le mois et encore moins l’année.
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Maître Rouge-Gorge et Anthéa poursuivent leur promenade. Sous la brume apparaissent désormais d’immenses tuyaux translucides dans lesquels coulent des liquides de différentes couleurs. Rouge, brunâtre, transparent. La fillette s’émerveille tout autant qu’elle s’interroge face à cet univers si particulier.
— Qu’est-ce que c’est ? finit-elle par demander en pointant les longs tubes.
— Ce sont les gens d’en haut qui travaillent.
L’enfant se retient de poser une nouvelle question. Sa curiosité n’est pas assouvie, mais les réponses de l’oiseau ne la satisfont pas. Il répond toujours à côté et ce qu’il dit n’est jamais clair. Peut-être qu’il ne sait tout simplement pas. Après tout, Maître ou pas, ce n’est qu’un petit piaf !
La pelote de laine rouge continue de se dérouler dans cet étrange endroit. Derrière elle, Anthéa n’aperçoit plus le point de départ du fil ni la montre-oreiller, tous deux ensevelis par l’épaisse brume gazeuse. Devant elle, c’est un nouvel objet qui apparaît. On dirait un chariot roulant, comme il y en a dans les restaurants ou les hôtels des films, ceux sur lesquels on apporte des plats chics recouverts d’une cloche brillante. La base du véhicule est en métal, mais le plateau principal a la forme d’un lit à baldaquin fait de lianes, de branches, de feuilles et de fleurs.
La petite fille lance un regard enthousiaste à l’oiseau. Est-ce que je peux monter dessus ? demandent ses prunelles. Le maître lève les siennes au ciel, de façon très humaine, comme le font parfois les parents d’Anthéa. C’est une mimique qui dit : Tu le feras même si je te dis non, alors… Et l’enfant saute sur le chariot.
Tout à coup, le sol devient pentu et les roues le dévalent. La petite fille se cache les yeux pour ne pas voir la chute qui arrive. Une fois par terre, alors que le choc a résonné bruyamment, elle regarde ses genoux. Rien. Pas de traces : à vrai dire, bien que le sol soit dur, elle n’a même pas mal. Elle n’a rien senti en tombant, à l’exception du froid du sol et de l’air. Au Pays du Blanc Sommeil, il n’y a pas beaucoup d’autres sensations que celle de cette fraîcheur ambiante. Anthéa remarque d’ailleurs qu’elle n’a ni faim ni soif et qu’elle n’éprouve aucune fatigue. Cet endroit n’est définitivement pas commun.
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Dans son dos, la fillette aperçoit la pelote de laine et son drôle de cavalier descendre à leur tour la pente qu’elle-même a empruntée.
— Eh bien, petite fleur, tu m’as fait peur ! Et maintenant, ton chariot est cassé. Tu devrais continuer à pied, cela serait plus sûr, siffle l’oiseau.
— Maître Rouge-Gorge, je suis tombée de très haut, sur un sol très dur et pourtant je n’ai pas mal ! Pourquoi ?
— J’imagine que c’est parce que ce lieu n’existe pas vraiment.
— Comment puis-je me trouver ici si ça n’existe pas ?
— Parce qu’il existe quelque part.
— Ça n’a pas de sens ! Comment cela peut-il ne pas exister vraiment mais exister tout de même quelque part ? soupire l’enfant.
— C’est le propre des zones tampons. Elles sont bien là, mais elles n’ont pas de nom, pas d’identité, alors elles n’existent pas vraiment. Une sorte d’entre-deux.
— Je ne comprends rien de ce que tu dis.
— Tu n’écoutes pas.
— Si ! Mais ça ne veut rien dire !
— Tu n’entends pas.
— Tu ne dis que des bêtises !
— Suis-moi.
Perdu dans ce labyrinthe merveilleux, Anthéa accepte tant bien que mal de suivre le fil rouge qui se déroule devant elle. Le rouge-gorge la conduit jusqu’aux confins de son royaume. Au large de ce qui ressemble à une falaise, la fillette distingue dans cette mer brumeuse une nuée de corps en lévitation. Des hommes, des femmes, des adultes mais aussi des enfants, flottent allongés au milieu du brouillard. Ils portent toutes et tous le même pyjama qu’elle. Encore énervée contre l’oiseau quelques minutes auparavant, Anthéa ne parvient pas à réprimer une nouvelle question.
— Qu’est-ce que c’est ?
— Des humains, comme toi.
— Que font-ils là ?
— La même chose que toi.
— Non.
— La même chose que ce que tu devrais faire.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Tic, tac, tic.
Un, deux, trois.
Bip, bip, bip.
Les bruits de l’aiguille sont remplacés par de courts et stridents signaux sonores. Maître Rouge-Gorge se met à voler et tournoyer autour de la tête de l’enfant. Il ne parle plus. Il porte désormais de grosses lunettes noires qui glissent sur son bec. La pelote a disparu. Tout disparaît peu à peu.
Le brouillard s’épaissit et s’assombrit. Il fait noir maintenant. Et chaud. Un tic-tac régulier se fait entendre.
*
Anthéa émerge doucement dans sa chambre d’hôpital. La gentille infirmière aux longs cheveux blonds et aux grosses lunettes qui lui glissent sur le nez est là. Elle sourit.
— Salut, Anthéa. Tu vas bien ?
La fillette se sent épuisée. Sa bouche est pâteuse et elle a un peu mal au crâne. Mais ça va.
— Je sais que tu avais très peur de cette première opération. Mais ça s’est plutôt bien passé, non ?
La petite hoche la tête pour toute réponse.
— Bon, je voulais attendre que tu te réveilles avant de faire entrer tes parents. Je vais les chercher, on revient très vite, d’accord ?
Leurs pas, justement, se rapprochent de la porte de sa chambre. L’enfant lève une dernière fois les yeux vers le plafonnier où de petits oiseaux habillent l’ampoule. À très vite, Maître Rouge-Gorge, pense-t-elle, libérée de sa peur.
Dernière édition par Laura PS le Mar 29 Jan - 18:37, édité 3 fois
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
La compagnie est rare par ici, autant en profiter
s'allonge en forme de traîne / s'allonge pour former une traîne / autre chose à ta guise. Je trouve qu'écrit comme ça, il manque quelque chose. ^^La couverture, trop longue, s’allonge en traîne derrière l’enfant.
Berk.
Sous la brume apparaissent désormais d’immenses tuyaux translucides dans lesquels coulent des liquides de différentes couleurs. Rouge, brunâtre, transparent.
J'aurai inversé la construction de la phrase, mais il est une heure du matin et je dis peut-être des bêtises.La pelote de laine rouge continue de se dérouler dans cet étrange endroit.
Peut-être une virgule, après "fil" et avant "ni" ?Derrière elle, Anthéa n’aperçoit plus le point de départ du fil ni la montre-oreiller
La petite fille lance un regard enthousiaste à l’oiseau. Est-ce que je peux monter dessus ? demandent ses prunelles. Le maître lève les siennes au ciel, de façon très humaine, comme le font parfois les parents d’Anthéa. C’est une mimique qui dit : Tu le feras même si je te dis non, alors… Et l’enfant saute sur le chariot.
Et le chariot, il est resté en arrière ?Tout à coup, le sol devient pentu et les roues le dévalent.
Elles sont bien là, mais elles n’ont pas de noms, pas d’identitéS, alors elleS n’existeNT pas vraiment. Une sorte d’entre-deux.
OU
Elles sont bien là, mais elles n’ont pas de nom, pas d’identité, alors elleS n’existeNT pas vraiment. Une sorte d’entre-deux.
Il manque un tiret.Le rouge gorge la conduit jusqu’aux confins de son royaume.
La formulation de cette réplique est bizarre.
— La même chose que ce que tu devrais faire.
Le bruit de l’horloge muralE
Plusieurs opérations où elle serait endormie étaient prévues. Une histoire compliquée d’âne et de stésie…
Nooooooon petite ! Fuis !
À très vite, Maître Rouge-Gorge
J'ai commencé ma lecture à me dire en me disant "ça sent pas bon pour toi petite..." et c'est vite devenu "non, ne la fais pas mourir, déconne pas !". Alors bravo ! C'est bien amené, c'est fin, il y a du langage enfantin et j'étais heureux que tu me "mènes en bateau", en dirigeant cette histoire onirique et un peu flippante vers une "banale" opération.
Un beau texte, qui de plus englobe bien les éléments de l'image à l'origine de l'AT. Bien joué, j'y ai pris du plaisir !
Invité- Invité
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Merci beaucoup, @Snarkk, pour ta lecture attentive et ravie que le texte ait su te plaire et t'embarquer !
Je corrige tout ça pendant le week-end
Je corrige tout ça pendant le week-end
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
— Chez moi. D’habitude, je suis tout seul ici.— Moi, je suis chez moi. Mais d’habitude, je suis tout seul, ici.
Son petit corps d’enfant est recouvert d'un pyjamaSon petit corps d’enfants est recouvert par un pyjama
septj’ai 7 ans et demi.
Qu’est-ce que je fais ici ? demande Anthéa.Qu’est-ce que je fais ici, demande Anthéa ?
(mais l'incise n'est pas utile)
pas de virguleIl y a du brouillard, dans ma tête.
profiterautant en profité
siffle— Eh bien, petite fleur, tu m’as fait peur ! Et maintenant, ton chariot est cassé. Tu devrais continuer à pied, cela serait plus sûr, siffla l’oiseau.
nomElles sont bien là, mais elles n’ont pas de noms, pas d’identité, alors elle n’existe pas vraiment
elles n'existent
metMaître Rouge-Gorge se mit à voler et tournoyer autour de la tête de l’enfant.
Je trouve la fin, après le réveil, trop explicative. Je trouverais le texte bcp + chouette si tu condensais les éléments pour ne laisser qu'une petite phrase ou un paragraphe. Là, la longueur et le côté appuyé des explications vient gâcher la magie de l'histoire, histoire que j'ai bcp aimée ! Quel charmant conte... je le verrais bien partir en ME celui-là aussi !
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Merci beaucoup @Cess pour tes commentaires ! Je reprends ça très vite, je suis d'accord avec toi, il faudrait raccourcir la fin pour donner plus de force à la partie conte.
Sheynane ma première fan je suis trop émue
Sheynane ma première fan je suis trop émue
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
le "qu'une enfant" fait très adulte : une enfant dirait je suis une enfant— Non, je ne suis qu’une enfant, assure la petite. Qui es-tu, toi ?
C'est un chouette conte, même si je ne suis pas très littérature enfants ^^
Luptinote- Scribtonaute jupitérien
- Messages : 4920
Age : 28
Localisation : Suivez la souris jaune !
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Très joli texte. Moi aussi j'ai eu peur pour l'enfant et la signification de cette zone tampon, mais la fin est rassurante. comme l'a précisé Cess, peut-être un peu trop explicative.
J'ai beaucoup aimé, merci pour ce texte.
J'ai beaucoup aimé, merci pour ce texte.
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Moi, je suis chez moi. Mais d’habitude, je suis tout seul, ici.
— Il faut bien quelqu’un pour surveiller. Qui t’aurait accueillie, sinon ?
Je ne comprends pas vraiment car le Maître dit qu'il est tout seul d'habitude et que la compagnie est rare mais qu'il faut bien quelqu'un pour surveiller et accueillir ?La compagnie est rare par ici
Il se déplace bizarrement : il ne vole pas. Perché sur sa pelote de laine rouge, il utilise ses petites pattes pour la faire rouler et avancer. On dirait un équilibriste réalisant son numéro de cirque.
Je n'ai pas compris. Ils font la même chose qu'elle mais ils ne sont pas au même endroit ? Pourquoi est-ce qu'Anthéa ne flotte pas allongée parmi eux du coup ?
— Qu’est-ce que c’est ?
— Des humains, comme toi.
— Que font-ils là ?
— La même chose que toi.
— Non.
— La même chose que ce que tu devrais faire.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Au-dessus de sa tête, l’ampoule est habillée par un plafonnier représentant des rouges-gorges. Maître…
Je trouve ce passage trop explicatif et superflu.La veille, elle avait rencontré la chirurgienne qui lui avait expliqué comment allait se dérouler l’opération en traçant des traits rouges sur un schéma de corps humain. Elle lui avait aussi rappelé ce qu’avaient trouvé les différents médecins chez qui ses parents l’avaient emmenée. Ce que c’était que sa maladie, ce qu’elle essayait de faire et comment elle et son équipe allaient aider Anthéa à la combattre. Plusieurs opérations où elle serait endormie étaient prévues. Une histoire compliquée d’âne et de stésie…
La fillette avait eu très peur, alors ses parents étaient restés assez tard pour lui lire des fables pour qu’elle s’endorme. Anthéa avait fait semblant de fermer les yeux pour qu’ils rentrent à la maison un peu moins inquiets.
C'est un bien joli texte, le traitement de l'image est original et mystérieux. Il y a juste pour moi des éléments de confusion que j'ai souligné. Et la fin, qui mériterait d'être plus concise car c'est un peu trop explicatif et on perd l'effet de la "chute".
Invité- Invité
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Merci @Nimue pour ta lecture ! L'objectif de cette fin décembre sera effectivement de largement réduire la partie finale, trop explicative, pour mettre vraiment l'accent sur l'aspect conte
Pour ce qui est de la confusion, je ne peux pas vraiment l'atténuer car c'est une volonté de ma part : le lecteur doit être autant dans le flou qu'Anthéa sur sa situation. C'est normal qu'on se sente perdu et qu'on ait l'impression d'info contradictoires.
Pour ce qui est de la confusion, je ne peux pas vraiment l'atténuer car c'est une volonté de ma part : le lecteur doit être autant dans le flou qu'Anthéa sur sa situation. C'est normal qu'on se sente perdu et qu'on ait l'impression d'info contradictoires.
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Hello ! J'ai vraiment bien aimé ton conte, j'ai vu des fautes et au moins un souci d'accord de temps. Par contre j'ai pas trouvé ça particulièrement enfantin pour ma part, du vocabulaire assez riche, surtout au début. J'ai également bien retrouvé l'univers de l'image.
Admin- Scribtonaute spationaute
- Messages : 7504
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Un très joli texte ! J'ai bien retrouvé l'image et ses détails. Bien joué !
gaya tameron- Scribtonaute de l'espace
- Messages : 3868
Age : 47
Localisation : Jura
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Un joli texte, de belles images et une chute surprenante. J'ai bien aimé ! Je rejoins un peu l'avis général sur la fin trop longue par contre.
Invité- Invité
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Merci à vous trois pour vos avis, je vais tâcher de retoucher ce texte (et notamment la fin) dans le courant du mois de janvier
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Salut !
profiter
Pourquoi demande-t-il ce qu'elle fait là alors qu'on apprend après qu'il est le gardien des lieux ?
J'aime bien le compte pour enfant ainsi que cette zone tampon. Par contre, j'ai deviné tout de suite de quoi il s'agissait. Je crois que c'est le pyjama vert inconfortable qui vend la mèche
Merci pour le partage
autant en profité,
profiter
Alors, qu’est-ce que tu fais là ?
Pourquoi demande-t-il ce qu'elle fait là alors qu'on apprend après qu'il est le gardien des lieux ?
J'aime bien le compte pour enfant ainsi que cette zone tampon. Par contre, j'ai deviné tout de suite de quoi il s'agissait. Je crois que c'est le pyjama vert inconfortable qui vend la mèche
Merci pour le partage
StarTracker- Scribtonaute de l'espace
- Messages : 3118
Age : 33
Localisation : Paris
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
Hello tout le monde ! Texte corrigé et nouvelle fin, n'hésitez pas à donner votre avis sur celle-ci
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
tu te réveillesBon, je voulais attendre que tu réveilles
Really bof. Je pense que c'est exagéré et forcé. Je préférerais de loin que ça finisse sur "À très vite, Maître Rouge-Gorge, pense-t-elle, libérée de sa peur". En +, avec le "À très vite, Maître Rouge-Gorge", libre au petit lecteur de penser qu'elle veut y retourneret presque pressée de retourner au Pays du Blanc Sommeil
Sinon, c'est parfait !
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
J'aime beaucoup. Dis, tu as fait quelque chose avec ce texte? J'aime bien la curiosité de l'enfant, le brouillard, la liaison avec le rouge-gorge à lunettes et l'infirmière.
Invité- Invité
Re: Le Pays du Blanc Sommeil
@AliArt Je l'ai envoyé à quelques éditeurs pour album, mais globalement ça n'est pas franchement passé... Donc je vais peut-être le garder sous le coude pour des appels à textes de nouvelles. A voir ! Si tu/vous avez des idées, je prends
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|
Dim 10 Mai - 1:50 par Cess
» Nid de guêpes - Partie 9 - La carte stellaire
Ven 20 Déc - 16:28 par gaya tameron
» Le Pays du Blanc Sommeil
Sam 7 Déc - 9:45 par Laura PS
» Le jour où les aiguilles avanceront
Sam 7 Déc - 7:10 par AuroreC
» Pleure le williwaw
Lun 14 Jan - 13:13 par Luptinote
» Votes décembre 2018
Mer 9 Jan - 22:48 par StarTracker
» Tic tac toc
Ven 4 Jan - 13:07 par gaya tameron
» Image du mois
Mar 27 Nov - 22:49 par Dewen
» Thèmes de décembre 2018
Mar 27 Nov - 22:40 par Cess